Voici le résumé de mon Ironman d’Hawaii. Si à la suite de votre lecture, vous avez encore des questions ou vous pouvez me soumettre vos commentaires, vous pourrez le faire à cette adresse : jean-francois.gosselin@hotmail.com. Cela me fera plaisir de les recevoir! Bonne lecture!
Historique :
D’abord, qu’est-ce que l’Ironman d’Hawaii? Il s’agit du Championnat du monde de triathlon sur la distance Ironman, et ce, depuis 2003. Il se dispute annuellement sur Big Island à Hawaii durant la deuxième fin de semaine d’octobre. Cette épreuve est considérée comme l’ultime accomplissement du sportif. On la qualifie d’ailleurs de mythique pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, il s’agit du premier endroit où les trois disciplines du triathlon, ont été rassemblées sur une aussi longue distance. À l’époque, en 1978, 15 concurrents ont pris le départ afin de déterminer quel sport développait le meilleur athlète. De ce nombre, 12 athlètes seulement en sont ressortis avec le titre d’Ironman. La deuxième raison, est essentiellement liée à la situation géographique de Big Island. Les eaux océaniques entourant cette île y sont chaudes, gorgées de poissons multicolores et mouvementées en raison de la présence des courants marins.
Sa côte ouest est couverte d’anciennes coulées de lave qui accumulent la chaleur du soleil. Seules quelques pousses d’herbes jaunes réussissent à survivre dans cet environnement aride. De plus, de forts vents pouvant atteindre 90km/h balaient tout ce qui s’y trouve. Par ailleurs, l’humidité propre à son île rend la respiration difficile, même en position statique, sans parler des rayons du soleil qui nous brûlent à chaque instant. Finalement, le parcours du Ironman d’Hawaii n’est jamais plat! C’est constamment de faux-plats ascendants ou descendants, sans oublier la jolie montée de 10km, avec vent de face s’il-vous-plaît, à mi-parcours au vélo.
Ça, tous les triathlètes le savent et je peux affirmer sans me tromper que l’ultime but de tous compétiteurs qui veulent se mesurer aux meilleurs, est de s’y rendre un jour. Certains attendent des années avant d’y arriver, d’autres ne pourront qu’en rêver! Pour s’y rendre, on doit gagner sa place dans une des épreuves de qualification internationales disputées un peu partout dans le monde.
Qualification :
Pour ma part, j’ai obtenu mon laissez-passer à Louisville au Kentucky le 30 août 2009, en terminant 2e dans ma catégorie d’âge sur 87 athlètes. J’avais alors réalisé mon meilleur temps sur la distance de ma jeune carrière d’Ironman! (9h48:29) Il me restait donc 6 semaines pour me préparer à vivre une nouvelle fois une telle épreuve!
Préparation physique, préparation financière… Car bien que ma place ait été gagnée pour représenter le Canada, aucune fédération, pour l’instant, n’appuie ce genre d’épreuve. Je devais me préparer physiquement tout en essayant d’amasser au moins 5 000$ pour couvrir les frais du Championnat. Heureusement pour moi, des gens formidables ont décidé de miser sur moi et j’ai pu me concentrer sur ma condition physique.
Le Championnat du monde :
Je suis parti de Burlington, au Vermont le 3 octobre, afin d’avoir une bonne semaine d’adaptation à la chaleur, la compétition étant le samedi 10 octobre. J’en profite pour mentionner que 7 jours d’avance, c’est nettement insuffisant pour s’adapter à la chaleur lorsqu’on part du Québec! J Toutefois, c’était une première expérience à Hawaii, donc je pourrai rectifier le tir lorsque je reviendrai dans les prochaines années.
Ma semaine de préparation a passé très rapidement! Entre les séances de natation dans les eaux transparentes de Kona, les virées dans le village des exposants et les visites des lieux touristiques de l’île, j’essayais de me reposer au maximum.
Le jour J
Réveil à 4h45 am, bon déjeuner, douche et départ vers Kona pour 5h15 am. La veille, j’étais allé porter mes sacs et mon vélo dans la zone de transition. Ce matin-là, la seule chose que j’avais avec moi, c’était mon Pre Swim Bag. À l’intérieur de celui-ci, j’avais : mon speedsuit, mon trisuit, mon casque de bain, mes lunettes de natation, ma puce électronique, des vêtements pour l’après course, des gourdes remplies d’eau et de gatorade froid pour le vélo sans oublier l’essentiel, de la vaseline.
Avant un Ironman, la première étape consiste à aller se faire étamper son numéro sur les bras. L’âge sur les mollets n’est plus étampé depuis que les bas de compression sont si populaires. Pour différencier les compétiteurs des différents groupes d’âges, nous avons des bracelets de couleurs différentes et nos numéros sont regroupés en ordre croissant. (Exemple : #1810 à #1845 sont les numéros des 18-24 ans)
Ensuite, c’est la validation du magnétisme de notre puce et l’accès à la zone de transition. L’ambiance est fébrile. Tout le monde voit à ses derniers préparatifs. On gonfle les boyaux jusqu’à 130 livres. On fixe nos powerbars et powergels sur les vélos. Quand tout à coup, un immense bruit de canon déchire le silence pesant. Une foule de plus de 50 000 spectateurs hurlent alors leur excitation pour le départ des athlètes professionnels. À ce moment-là, je sais qu’il me reste 15 minutes pour passer une dernière fois aux toilettes et enfiler ma combinaison de natation.
Natation
À 6h50 am, je suis déjà à l’eau et j’essaie de me trouver une place parmi les 1 600 athlètes amateurs qui attendent anxieusement le moment où enfin, ils pourront se mesurer les uns aux autres. Peu importe où je me positionne, j’ai l’impression d’être dans un avion avec deux fois le nombre de passagers permis. J’étouffe! Je veux libérer cette énergie, cette adrénaline qui semble s’accumuler de manière continue!
Quand finalement, j’ai l’impression qu’on vient de me perforer les tympans! Je réalise assez vite que c’est le coup de canon! Le départ! Tout le monde a commencé à nager et deux personnes m’ont déjà « embarqué » dessus! Je m’y mets à mon tour tentant de me frayer un chemin dans ce banc de poissons humains.
Tout se déroule comme prévu et à mi-parcours, je suis avec un petit groupe d’athlètes (2 filles et 2 gars) et nous nageons directement sur les bouées! Parfois, j’entre en contact avec d’autres athlètes au moment de passer près des bouées, mais rapidement je reviens à l’essentiel : me concentrer sur ma technique et demeurer détendu. En sortant de l’eau, je sais que j’ai fait un excellent temps de nage et je me précipite sous la douche tout en retirant mon speedsuit.
Un des bénévoles me lance mon sac de transition et je continue ma course vers la tente des hommes où j’enfile mes bas et mes souliers de vélo. Un autre bénévole s’occupe de mettre mon speedsuit dans mon sac et me lance un good luck bien senti! Arrivé à mon vélo, j’attache rapidement mon casque et mets mes lunettes de soleil puis je me dirige vers la sortie pour débuter 180km de vélo. C’est là que j’ai fait la pire erreur de ma journée, pour sauver 10 secondes, j’ai refusé la crème solaire que deux bénévoles étaient prêtes à me donner! (Je vais m’en souvenir!!!)
Vélo
En débutant le vélo, je jette un rapide coup d’œil à ma montre et je vois 1h10 minutes, ce qui inclut la natation et la transition #1. Je suis donc vraiment satisfait de mon départ et je me concentre rapidement sur la prochaine étape. Les premiers miles se déroulent très rapidement et dans le trafic plutôt dense. Il y a des cyclistes partout! Côté nutrition, j’avale une grosse bouchée de powerbar tous les 10 miles et ça inclut l’absorption d’eau et de gatorade aux 5 minutes.
Rapidement, je me rends compte que je me suis laissé influencer par les autres, je roule un peu vite, et donc, je ralentis pour être confortable. La vitesse est élevée mais c’est le championnat du monde et si je ne l’essaie pas, je vais le regretter, donc j’y vais et je maintiens la cadence. Après 60 km, je commence à ressentir des douleurs aux pieds, particulièrement celui de droite. J’essaie d’en faire abstraction et je concentre mon énergie sur les choses que je peux contrôler.
10km avant le turn-around, c’est la montée jusqu’à Hawi. (De Kona à Hawi : aller-retour!) Cette ascension est célèbre, non pas pour son inclinaison, mais pour son vent de front et cette année ne fait pas exception! Ma vitesse ralentit est ça devient vraiment pénible! Une fois rendu au sommet, la population locale est là pour nous encourager et on oublie assez vite la montée et ses vents. Malheureusement, nos jambes, elles, s’en souviennent très bien! En descente, j’atteins ma vitesse maximale qui est directement associée aux vents de dos et à l’inclinaison de la descente.
De manière inexplicable, au pied de la pente, je me retrouve avec un vent de face à nouveau! J’ai toujours mal au pied et maintenant je dois en plus négocier avec un vent de front! Au km 130e km, je fais une halte pour soulager mes besoins primaires, je perds au maximum une minute et je repars tout de suite après. Durant la dernière heure, j’ai vraiment souffert! Je me confortais en me disant que j’allais enfin changer de discipline et commencer à courir! (Donc, méchant réconfort de penser qu’on va commencer un marathon! :p)
La course
À la transition, la seule chose que j’ai en tête, c’est de mettre de la crème solaire. Je me dépêche à entrer sous la tente et à enfiler mes souliers de course. Tout va bien, je sens que mes jambes répondent correctement à l’effort. Lorsque je passe le tapis magnétique, je jette un coup d’œil à ma montre et j’aperçois 6h20. C’est super, je suis en train de battre mon meilleur chrono! Le seul hic : les bénévoles de la crème solaire ne sont pas là et je sais que je vais brûler sous les rayons de soleil.
La réalité me frappe rapidement. Il fait tellement chaud, je n’en reviens juste pas que je ce soit possible. Je me dis qu’il s’est passé quelque chose, parce que j’ai vraiment l’impression qu’il fait plus chaud qu’avant. À ce moment-là, plus j’y pense, plus il fait chaud… Je me dis que je dois me concentrer sur autre chose! Alors j’essaie… :p
Plusieurs athlètes vous diront que pour compléter des épreuves d’endurance aussi longues, vous devez avoir un minimum de tolérance à la douleur. Moi, je crois qu’il faut être capable de contrôler ses pensées, de visualiser quelque chose d’autre tout en faisant abstraction des éléments négatifs qui nous frappent. De mon côté, je me félicitais de pouvoir avoir accès aux points d’eau…
Hommage aux points d’eau
Les points d’eau sont les oasis de notre souffrance. Dans notre quête de dépassement, nous pouvons être certain d’une chose : tous les miles (1,6km), ils sont là pour nous! Un point d’eau, c’est réconfortant! Il sont toujours pareils : éponges d’eau glacée, glaces dans des verres, eau, gatorade, powergels, fruits, coca-cola, gatorade, eau, des glaces et de nouveau des éponges! (Ils sont symétriques puisqu’on les croise au retour! :) De plus, les bénévoles y sont enjoués et très sympathiques!
La course (suites…)
Voilà, désolé, il fallait que je le mentionne! En gros, je me sentais super bien malgré la chaleur, l’humidité et les 180km de vélo. Je me concentrais sur ce que j’allais prendre au prochain point d’eau afin d’occuper mon esprit!
J’ai commencé à vraiment ralentir lorsque j’ai eu une crampe pour la première fois! (12e miles/26) J’ai été forcé de marcher quelques instants pour l’étirer, puis j’ai recommencé à courir aussitôt que mes ischios me l’ont permis! Après, c’est revenu en boucle à chaque point d’eau! Aussitôt que le parcours montait moindrement, les jambes me lâchaient. Je marchais un peu et je pouvais recommencer à courir par la suite.
Mon objectif à la course était de courir en 7:50min/mile. Donc, refaire le même temps qu’à Louisville. Après les crampes, mon temps est passé de 7:50 à 9min du mile… Je ne vous le cacherai pas, ce fut très difficile de voir les autres me dépasser et de savoir que je ne pourrais pas faire mon meilleur temps au final! Mais bon, étant rendu au championnat du monde, ce n’était pas l’endroit ni le moment de me décourager.
Ligne d’arrivée
Les 5 derniers miles ont été mes préférés! (Sans blague!) Je souriais tellement que j’ai commencé à avoir des crampes dans les muscles faciaux! :p Étant donné que mes crampes revenaient tout le temps, je ne pouvais pas vraiment aller plus vite et j’ai donc savouré l’instant! C’était le but ultime du voyage, l’accomplissement d’un rêve. La fin de l’attente et le moment d’entendre Mike Reilley (la voix du Ironman) dire : « Jeff… you… are… an… IRONMAN!!! » Le plaisir de pouvoir se dire : Mission accomplie! La satisfaction du devoir accomplie! La joie de raconter son aventure et d’encourager les autres à se lancer leur propre défi!
Moi, je crois que dans la vie, tout est possible! Il suffit d’y croire, de mettre le temps qu’il faut pour y arriver et, bien sûr, de bien s’entourer! J Je sais que j’ai fait ce qu’il fallait pour m’y rendre et performer! Par contre, sans l’aide et l’appui de tous mes proches et amis, sans la participation de plusieurs collaborateurs, toute cette aventure aurait pu être bien différente! Je profite donc de ce texte pour remercier tout ceux qui ont contribué, de près ou de loin, à mon succès, je vous serrai toujours reconnaissant!!!
Un merci spécial à toutes les personnes qui m’ont aidé dans ma quête de financement : Clémence Saindon (ma mère), Michèle Rioux, Michel Rouleau, Pierre Langlais, Patrice Landry, Guy Thériault et Gabriel Tremblay. MAHALO! =)
Conclusion
J’ai terminé 10e sur 36 personnes dans ma catégorie, soit 25e à la nage, 10e au vélo et 10e à la course à pied. À la nage, malgré un départ mouvementé dans un immense peloton, j’ai réussi à faire mon meilleur temps en 1 :06 :45.
Après une rapide transition, j’ai enchaîné avec mon parcours de vélo et, dès les premiers segments, je donnais tout ce que j’avais. 5 :07 :53 plus tard, je venais de réaliser mon meilleur temps à vélo sur la distance, et ce, malgré les vents, la chaleur et la douleur au pied droit.
Au début de la course à pied, mon moral était à son meilleur et ma foulée était dynamique et tout en aisance. Au demi-marathon, j’allais améliorer mon meilleur temps de course et je me sentais super bien, malgré la chaleur. Sauf que voilà, sur la dernière moitié, je me suis retrouvé en difficulté à cause de crampes dans les jambes.
Au final, j’ai beaucoup souffert, mais je suis très satisfait de ma performance. Au fil d’arrivée, j’ai arrêté le chrono à 3:38:08 pour le marathon et passé sous les 10heures pour mon premier Ironman d’Hawaii en carrière, en 9:59:10. 278e athlètes à franchir la ligne d’arrivée… C’est loin de la première place, mais j’ai le cœur jeune et le désir de vouloir être encore meilleur dans les prochaines années! Ne vous inquiétez pas, lorsque j’y retournerai, j’en surprendrai plus d’un!
Mon prochain défi? J’aimerais me concentrer davantage sur de plus courtes distances afin d’améliorer ma vitesse et d’être plus compétitif sur la distance Ironman d’ici 2 ans. Donc, je ferai des triathlons olympiques l’été prochain et deux demi-Ironmans! À suivre…
Merci de votre lecture! N’hésitez pas à m’écrire vos commentaires!
Sportivement
Jeff Gosselin, octobre 2009
Allô Jeff,
RépondreSupprimerJ'espère que tu vas bien.. et que tu es fier de toi... de ta dernière réalisation! wow!
C'est super bon de lire, par étape, ce que tu as vécu dans cette belle expérience
Félicitations!
bye bye Claire
Bon compte-rendu. Félicitations encore une fois. Au plaisir de se croiser sur les parcours l'été prochain!
RépondreSupprimerSteve Vaillancourt